jeudi 5 février 2015

Histoire d'humeurs ou d'humus ?

Histoire d'humeurs ou d'humus ?

A l'attention de Monsieur compost. De l'importance de la nature du sol dans la croissance des végétaux.


Extrait de la collection Hippocratique.

  • «1. La terre a en elle même des sucs (dunamis) de toute nature et innombrables. Elle fournit à chaque végétal l'humeur (ikmas) conforme, celle qui possède congénitalement semblable à lui même, et chacun tire de la terre sa nourriture selon sa nature propre. En effet, le rosier tire de la terre l'humeur qui lui est conforme et l'ail tire de la terre l'humeur qui correspond à sa qualité propre; tous les autres végétaux tirent de la terre selon leur nature. S'il n'en était pas ainsi, les végétaux ne deviendraient pas semblable a leur graine.

  • 2. Si le végétal trouve dans la terre l'humeur apparentée en quantité beaucoup plus grande qu'il ne lui faut, il devient malade; s'il en trouve moins qu'il ne convient, il se dessèche. Mais si la terre ne contient pas du tout l'humeur apparentée que le végétal doit tirer, il ne pourrait même pas germer. On peut se convaincre que le végétal, s'il ne trouve pas son humeur naturelle, ne germe pas du tout. En effet, l'Ionie et le Péloponnèse ne sont pas très mal situés pour le soleil et les saisons, et le soleil peut y suffire aux plantes.

  • 3. Et pourtant, malgré beaucoup de tentatives, il n'a pas été possible de faire pousser le sylphion (le Cèdre) ni en Ionie ni dans les Péloponnèse, alors qu'en Lybie, il pousse tout seul: c'est que ne se trouve en Ionie ni dans les Péloponnèse l'humeur capable de le nourrir.Il y a beaucoup d'autres plantes médicinales que certaines régions ne peuvent nourrir alors que le soleil y est suffisant, et que d'autres font pousser spontanément; on peut s'en rendre compte par la remarque suivante. Deux terrains fort voisins différent pour la douceur du vin alors que le soleil y suffit également : c'est que l'un possède l'humeur qui rendra le vin doux, l'autre non.

  • 4. Il y a dans tel terrain bon nombre de plante sauvages qui, déplacées d'une orgyie (unité de mesure antique, correspond à 1,78m), ne poussent plus: c'est que ce terrain ne fournit plus au végétal transplanté l'humeur que le premier fournissait aux plantes sauvages. Les végétaux ont des humeurs, plus acres ou plus humides ou plus douces ou plus sèches ou plus âpres et d'innombrables autres, car la terre contient des sucs innombrables et c'est à cause de ces catégories qu'aucun végétal ne poussa à l’origine semblable à un autre si ce n'est à l'intérieur d'une espèce.

  • 5 . Et je crois que tous étaient sauvages, mais que les hommes les ont cultivés et en les travaillant, leur ont fait donner des fruits, chacun selon sa graine. Car l'humeur tire de la terre l'humeur semblable et, grâce à elle, la plante se développe et se nourrit; aucune espèce de plante n'est semblable à une autre, puisqu'elle ne tire de la terre une humeur ni identique ni semblable. Chaque plante utilisée comme aliment ou boisson tire de la terre des sucs nombreux et en chacun, il y a quelque chose de pituiteux (d'une manière traînante) et de sanguin.»


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